Devenir footballeur professionnel ou embrasser une carrière d’artiste dramatique ?
Faire son chemin dans l’ombre d’un père omniprésent ou tenter l’aventure  de la reconnaissance par son travail, sa personnalité, son abnégation ?

Travailler avec son père, au risque d’être taxé de favoritisme ou être fier de cheminer aux côtés d’un grand homme de théâtre et vivre des aventures artistiques et humaines hors du commun, tout près des plus grands auteurs de littérature du monde ?
Comment se raconter, comment raconter l’intime, la complicité avec ses proches, les incompréhensions, parfois, l’amour et l’admiration, toujours, les tribulations du cœur, les souffrances du for intérieur, les errances de la pensée en invention, comment décliner l’histoire d’une vie-une vie de doutes mais aussi de passion ?

Par où commencer cette révélation de l’âme, cette déclinaison de soi-même, l’effeuillage tenu de nos parts d’ombre et d’effervescence, pourquoi l’amour des textes et des inventions artistiques les plus incandescentes ? Oui, comment raconter au théâtre sa passion poétique pour les mots, le sens, les images dantesques, le vertige d’un regard, le partage de la pensée la plus rare ?

J’ai eu envie de dévoiler l’envers du décors, l’envers d’un chemin tortueux mais enthousiaste et généreux, semé d’embûches mais tellement frémissant d’intelligence et de quête d’excellence. 

Il m’a fallu du temps pour revenir sur un parcours atypique, des terrains de football au théâtre de l’Athénée Louis Jouvet, de Platini à Shakespeare, du bac à sable de la cité des Orgues de Flandres dans le 19ème arrondissement parisien à l’Académie Centrale de Pékin, du Parc des princes à plusieurs périples itinérants théâtraux pour porter le théâtre dans les villages, en narrant les plus
belles histoires de l’univers.  

La vie est un tourbillon de rencontres, de joies, de transmission, c’est aussi un gouffre de choix à faire, un maelström de doutes, de révélations et de bonheur dans le regard de l’autre. 

On ne peut pas tout raconter car il y a aussi de l’indicible dans les fragments d’instants vécus, dans les réflexions les plus abyssales, mais on peut rendre hommage à des personnes chères disparues, on peut faire honneur à sa famille, célébrer ses proches, et faire chavirer de bonheur l’enfant qui continue de vivre en nous. 

Notre vie, nos soubresauts intérieurs, nos rêves, nos échecs, nos tentatives, nos découvertes sont infinis et les mots ne suffisent  sans doute pas à les définir, les circonscrire, mais à les approcher, pourquoi pas, à prélever des échos de ces chuchotements qui nous bouleversent, ravissent  nos sens en ébullition. 

Cette histoire, mon histoire, celle d’un père et de son fils, celle d’un jeune homme qui voulait jouer la coupe du monde de football et qui a embrassé la galaxie des classiques, n’existerait pas sans Hamlet, que j’ai eu la chance d’interpréter. Hamlet, le monument théâtral, le texte qui fonde et tresse tous les autres textes, Hamlet qui m’a traversé comme une météorite poétique et qui m’a transformé. 

Cette narration théâtrale que je propose est intime et universelle à la fois, elle pose mille questions- celle de l’héritage artistique, de la filiation, de la réussite ou de la reconnaissance- qui n’appellent pas toutes des réponses, une chose est certaine, elle a à voir avec la passion pour l’art, l’amour pour sa famille, la volonté irrépressible de découverte et d’invention, avec pour complices l’humour et la tendresse. 

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William Mesguich